Souvenirs d'enfance

J’ai été malade… une de ces maladies sans gravité, mais contagieuse.., était-ce la varicelle? la rubéole? Dans ma chambre, un peu assombrie par un grand arbre, avec une porte ouvrant sur celle de maman, je suis couchée dans mon petit lit contre le mur du fond, je reconnais que j’ai beaucoup de fièvre à la présence... ils ne manquent jamais d’être là quand mon corps, ma tête brûlent…des petits bonshommes déversant sans fin des sacs de sable, le sable coule, se répand partout, ils en déversent encore et encore,Je ne sais pas pourquoi ces monceaux de sable et l’agitation de ces petits gnomes me font si peur, je veux les arrêter, je veux crier, mais ils ne m’entendent pas, je n’arrive pas à pousser de vrais cris.
Quand la fièvre est tombée, je peux m’asseoir dans mon lit... Une femme de chambre envoyée par ma tante fait le ménage, refait mon lit, me lave, me coiffe, me donne à boire, me nourrit...
Maman est là aussi, mais je ne la vois qu’assise à la table en train d’écrire sur d’énormes pages blanches qu’elle numérote avec de gros chiffres, qu’elle couvre de sa grande écriture, qu’elle jette par terre à mesure qu’elle les a remplies. Ou alors maman est dans un fauteuil en train de lire...

Nathalie Sarraute, Enfance


 


Classes de troisième, avril 2011

Alexia

Je ne peux pas dormir seule... Je regarde tout le temps sous mon lit avant de me coucher. J'ai trop peur des monstres qui s'y cachent, alors je me glisse dans le lit de ma soeur. J'ai peur. Ils restent cachés tant que la lumière est allumée... Une fois qu'elle est éteinte, une branche d'arbre éclairée projette des ombres qui permettent au monstre de se déplacer.




Classes de 3A et 3B, juin 2009


Laurène G.

C'est l'été, il doit être aux environ de 17h00. Tandis que ma mère bouquine tranquillement au bord de la piscine, je barbote joyeusement dans celle-ci, cela durant déjà depuis pas mal de temps. Environ une heure après, je sors de l'eau. Ayant un petit creux, je décide de manger quelques gâteaux que ma grand-mère aime tant me concocter. A peine la boite de gâteau est-elle ouverte que, attirées par l'odeur du sucre, deux guêpes viennent tournicoter autour de ma tête. Avec mes mains, je tente, en vain, de les repousser, malgré les recommandations de ma mère qui me dit qu'elles s'en iront toutes seules, qu'il ne faut pas les provoquer. Je décide donc de laisser tomber et de m'attaquer à mes pâtisseries.
Au bout de quelques minutes, un petit picotement vient me chatouiller la gorge. Portant ma main à mon coup pour ôter cette gêne, je sens soudain comme une aiguille rentrer dans ma peau.Je pousse un petit cri strident et ma mère accourt tout de suite vers moi. Etant allergique aux piqûres de guêpes, ma gorge se met à enfler et ma température à monter, je suffoque presque. 
Ma mère, paniquant à moitié, décide de m'emmener aux urgences.Pendant le trajet, elle a déposé un gant qu'elle avait passé sous de l'eau glacée pour faire tomber la fièvre. Nous arrivons aux urgences.Un médecin et deux infirmières me prennent en charge et m'emmènent dans une chambre.
"Tout va bien mon poussin, on va t'enlever le venin et faire tomber cette fièvre", me rassure ma mère en me caressant les cheveux.Je vois une infirmière venir avec une seringue.
J'ai peur. Que va-t-il m'arriver ? Vais-je avoir mal ? Est-ce que je vais me réveiller ? L'infirmère m'injecte un anésthésiant, et mes paupières commencent à s'alourdir. Ca y est, je m'endors.
En me réveillant, ma gorge me brûle un peu, mais la chaleur ne m'écrase plus à cause de la fièvre, j'ai même quelques frissons. A ma gauche, ma mère est assise et me tient la main. "Tu vois ma chérie, tout s'est bien passé". Ma mère m'explique qu'on a retiré le venin à l'aide d'une seringue et que la fièvre est tombée d'elle même.



Sandra N.


Ca ne faisait que quelques années que je savais marcher sur cette terre incompréhensible. Et en une journée, une heure, une minute, une seconde ma vie avait été anéantie, bouleversée. Je me sentais comme une de ces décorations de noël transparente et fragile sur une de ces branches qui ne s'attendait qu'à s'écraser par terre... Se briser en mille morceaux...


Maëva B.


Quand je pensais à lui, un sentiment fit son apparition, qui me remontait jusqu'à la gorge. Cela prit l'apparence d'une boule brûlante, je voulus la cracher ou bien même la vomir, elle restait coincée; tous les membres de mon corps fragile furent paralysés.Je souffrais.


Vincent T.


Agé de cinq ou six ans, un cauchemar venait souvent hanter mes nuits et remplir mes yeux de larmes...
Mon père et moi faisions une promenade sur un chemin caillouteux dans une colline boisée. Une trouée dans le feuillage laissait apercevoir une autre colline au loin, similaire à celle où nous nous trouvions. Le temps était mitigé et il faisait plutôt froid.
Nous gravissions silencieusement la légère pente quand nous aperçûmes à l'entrée d'un tournant une sombre cabane en bois. Elle n'inspirait pas confiance mais je ne sais pourquoi (les rêves mettent souvent en scène de bien étranges choses), je me dirigeai avec mon père vers celle-ci, curieux et anxieux. J'ouvris la porte et fus terrorisé à la vue de nombreux loups affamés se trouvant à l'intérieur. Mon père y pénétrant, je claquai la porte et l'abandonnant au beau milieu des bêtes féroces alors qu'il ne semblait resentir aucune émotion particulière, je retournai sur mes pas, dévalant la pente à toute allure, horrifié. De retour à la trouée dans le feuillage, la colline me faisant face en vue, je hurlai le prénom de ma mère et de ma soeur car, je ne sais pour quelles raisons, elles s'y trouvaient.
Mon cauchemar s'achevait à ce moment et je me réveillais en pleurant. Je faisais souvent ce cauchemar atroce mais les démons qui l'immisçaient dans ma tête ont disparu depuis déjà bien longtemps. Cela me permet désormais de prendre rêves et cauchemars en dérision.

 


Classe de 3C, juin 2007

 

Marine

 

Je me retourne. Je ne me souviens plus exactement l'heure qu'il était. Peut-être quelque part entre huit et neuf heures. J'entends des voix en bas. Apparement, je suis la seule encore au lit. Quelle chaleur...
Nous sommes le vingt-huit. Plus que quatre jours, plus que quatre jours et c'est mon anniversaire ! A huit ans, on est grand, mais à neuf, encore plus !
Aussi, j'ai promis à Papa d'aller voir Papi. Il faut que j'aille lui cueillir des fleurs, pour que sa chambre soit un peu plus gaie.
Mais qui pouvait être chez nous à cette heure ? Il n'y avait pas que les voix de Papa et Maman. Je lance ma cocotte au pied du lit et me lève. Mes pieds humides collent sur le carrelage de l'escalier ; c'est le seul bruit qu'on entend.
Papa. Maman, serrant Laura dans ses bras. Papi. Mamie. Debout dans la salle à manger. J'ai compris. Mon sang ne fit qu'un tour. Je les regarde. Papa s'appuie contre l'homme debout et baisse la tête. Un quelconque acte de pudeur inutile. Il s'essuie les yeux. Seulement, les bruits me reviennent. Maman pleure bruyamment, prenant Laura comme une poupée. Elle, ne comprenant certainement pas la situation, se laisse faire, mais pleure aussi. Mamie se tourne enfin vers moi. Déjà mon visage est plus humide qu'une grenouille. Je cours lui sauter dans les bras. Elle me serre contre elle et me cajole. De sa main libre, elle me frotte tendrement les cheveux. Mon coeur est serré. Comme s'il était dans une cage à oiseaux. Mes larmes mouillent son chemisier bleu. Je sors la tête.
"Quand ...?"
Mais c'est Papa qui me répond, d'une voix étouffée et peu claire.
"Cette nuit. A deux heures..."
Maman poursuit :
"L'hôpital a appellé Papa parce que Papi n'allait pas bien. Et le temps que Papa arrive, Papi était parti... Dans le ciel..."
Elle éclata en sanglots. Ses mots sont, je crois, à tout jamais écrits dans ma mémoire...
"Viens... On va dehors..." me dit Mamie en me prenant la main. "Tu sais, maintenant, il ne souffre plus, il est au ciel, avec les anges, Papi, avec les anges."
"Avec les anges". Une beauté simple et naïve; j'espère seulement qu'ils prennent soin de lui. Aussi, j'ai protesté. Je voulais combattre ma peur des ascenseurs -qui m'est restée, d'ailleurs- pour aller le voir et lui apporter ses fleurs.
Je pleure de plus belle. Mamie est toujours à côté de moi. Elle me tend une fleur, mais je tourne la tête. Je lui explique pourquoi. Je n'aurais pas dû ; elle aussi pleure maintenant. Mamie est gentille. Je l'embête souvent, et elle me dit "Arrête de me faire enrager !" Mais aujourd'hui, je ne la fais pas enrager. Parce qu'aujourd'hui, je n'ai plus qu'un seul Papi. Mon Papi qui sait tout. Celui qui parle anglais, qui plante des tomates et qui lit des livres d'histoire.
Mon Papi lyonnais, lui, il est avec les anges. Papa m'avait dit que Papi Mulhouse n'avait jamais connu son vrai père et que ça l'avait toujours fait beaucoup souffrir. Mais moi, je pense que les anges vont chercher le Papa de mon Papi Mulhouse et vont les faire se rencontrer.
Mamie me ramène sur Terre. Elle qui parle tout le temps, qui a toujours quelque chose à raconter, même si c'est l'histoire du chat du voisin qui a fugué, aujourd'hui ne dit rien. Moi non plus. Je n'aime pas parler. Peut-être est-ce depuis ce jour.
Il fait beau. Je ne veux pas que le ciel soit content et que le Soleil sourie alors que mon Papi est parti.
Maman et Papa sont assis sous le store. Maman cache sa tête dans ses bras. Papa regarde loin en se mordant le petit doigt. Il fait toujours ça quand il y a quelque chose qui ne va pas. Mais en plus, aujourd'hui, ses yeux sont rouges. Papi pense. Laura, sur ses genoux, a de grosses marques sur les yeux. Je me demande si elle se rend compte que son Papi est parti et qu'il ne reviendra plus. Mamie me tient toujours la main. Moi, je lui tiens toujours le coeur.

 

 

Mylène

 

Avec ma mère et ma tante, nous allons à Magvet ou à la Halle aux vêtements, je ne sais plus vraiment.
On se promène dans le magasin jusqu'au moment où je me baisse pour ramasser un des petits cubes qui se trouvent sur les cintres, celui-là était orange. Je me relève et là, plus personne, alors, prise de panique, je cours comme une folle jusqu'au bout du rayon, mais toujours personne. J'appelle alors :" Maman, Maman !!!!!" Aucune réponse.
Je sens les larmes monter, monter puis couler sur ma joue.
Au bout d'un moment, je m'assois dans un rayon, toujours en ayant des larmes qui coulent.
Puis, " Petite, petite! Je leve la tête. - Oui? - Viens avec moi." Je me lève péniblement, elle me demande un tas de choses, comment je m'appelle, ce qu'il se passe, à quoi ressemblent ma mère et ma tante .
Elle me prend par la main et me parle très gentiment, mes larmes sont parties.
Cette femme est vraiment bien avec moi, elle m'emmène dans presque tous les rayons, on s'arrête, elle s'accroupit devant moi " Bon nous allons aller voir à l'accueil et nous appellerons ta maman et ta tata, d'accord?- Oui madame."
On part mais une voix m'appelle. Je me retourne, elles sont là, Je leur saute dans les bras. Elles remercient la dame.
On part, mais dans la voiture je me fais un peu disputer, il paraît que j'aurais pu me faire enlever.
Cette histoire m'a beaucoup marquée car je me suis imaginée tout un tas de choses, et durant les deux ou trois années qui ont suivi, je ne me séparais pas de ma mère quand nous allions faire les courses.
Je pense que me mère a eu très peur car elle interdisait à mon frère et à ma soeur de ramasser ces petits objets.

 

Alex

 

A Petitefontaine, dans la rue du bois devant, en cet après-midi ensoleillée, ma mère et moi nous promenons notre nouveau chien Fripouille.
Je descends ma rue pour me rendre à l'école, tenant en laisse la petite boule blanche qui me sert de chien. Très souriante et heureuse de vivre, je continue mon chemin tout en parlant à ma mère.
Un énorme chien se trouve de l'autre côté de la route, une sorte de berger Allemand nous observe, il m'effraie par son aboiement puissant.
Je continue, de peur qu'il ne saute par dessus la barrière, mais l'ignoble Fripouille insiste et me retient, je crois qu'elle veut se diriger vers l'animal imposant. Je n'ai pas envie, je tire sa laisse, mais rien à faire! Elle traverse la route pour le retrouver, je regarde à droite, puis à gauche, une voiture arrive à toute vitesse! Je m'affole et j'essaie de ramener mon chien sur le trottoir, mais elle est obnubilée par ce Berger Allemand, la voiture se rapproche et voit Fripouille mais ne s'arrête pas!
Elle l'a renversée! Je crie, j'ai une boule dans le ventre! La petite bête trouve le courage de revenir vers ma mère et moi.
A-t-elle des chances de survivre? Je suis révoltée, mon cœur bas la chamade! Pendant que j'essaie de me contrôler, la chienne meurt dans les bras de ma mère, qui est, elle aussi, révoltée.
J'éprouve de la haine contre la femme qui vient d'écraser mon chien! Elle s'approche de moi et me dit:"Je suis désolée, j'ai mal à la tête. Je peux prendre un café?"
Me prend-elle pour une folle? Je la hais et j'ai envie de cogner sa tête contre un mur, elle vient d'écraser mon chien et me demande un café, ça me brise le cœur!

Lucie

 

C’était au mois d’août, dans le Haut Doubs, chez ma grand-mère. Il faisait très chaud et ma mamie avait décidé que toute la famille allait marcher dans les bois.

Nous avions ramassé deux gros sacs de petit gris ! J’en avais pris plein avec mon cousin. Mais en revenant à la maison, nous étions encore dans la forêt, ma tante voulait nous montrer comment faire tourner facilement un bâton autour d’un doigt.

Mon cousin et moi avions commencé à marcher à reculons et tout à coup ma cousine me cria : << ATTENTION >>. C’était un reptile, une vipère qui était en train de se reposer en plein milieu du chemin. Heureusement que ma cousine était là car autrement je me serais fait piquer par le serpent ! Surtout, j’étais en chaussures basses et en pantacourt, donc elle aurait bien pu me piquer aux mollets. J’ai réalisé que, si ma cousine n’avait pas été là, j’aurais pu me faire mordre par ce serpent. Je pense que, si ma tante n’avait pas voulu faire le guignol, tout cela ne serait pas arrivé.

Sur le moment de l’action, j’étais traumatisée, j’avais peur, je pleurais, je tremblais, j’avais l’impression d’être oppressée car j’étais terriblement effrayée ! J’eus le sentiment d’être trahie, car juste avant la balade, j’avais demandé à ma grand-mère s'il pouvait y avoir des reptiles et elle m’avait répondu que non.

Depuis ce jour-là, je fais attention où je marche quand je vais me promener dans la forêt du Haut Doubs.

 

 

Marion

 

 

Je cherche à passer les branches, à recommencer ma course. Je ne parviens qu’à me griffer et m’empêtrer un peu plus. Déjà, je n’aperçois plus la tête du groupe. Je redouble mes efforts, je parviens enfin à passer. Mais la troupe est partie, je me retrouve seule. La peur me submerge. Je décide cependant de continuer un peu pour lutter contre la panique. Je recommence à courir, au petit trot, en suivant le chemin. Mais, rapidement, la peur me reprend et m’assaille comme d’affreux petits bonshommes qui auraient attendu de me voir seule pour surgir.
Je suis devant un embranchement, la terre a été trop durcie par le gel pour que je trouve des empreintes. J’ai envie de crier mais quelque chose me retient, je ne sais toujours pas quoi.
La vérité - ou du moins ce que je pense l’être – me saute à la gorge. Je suis au milieu des bois, sur un chemin que je ne connais pas. Nous sommes en hiver, il est bientôt cinq heures. La panique, comme je ne me rappelle pas en avoir connu pareille depuis et pour si peu, me submerge. Je commence à raisonner, mais pas dans le bon sens. Les engrenages se mettent en route sans que je puisse les arrêter. Si l’on est en hiver, le jour va bientôt décliner, la température va chuter, je vais rester la toute la nuit et …je suis incapable d’aller plus loin.
Je décide de revenir sur mes pas, même si je dois repasser le monstre crochu qu’est, à mes yeux, le tas de branches, je pense reconnaître le chemin.
Je marche depuis une centaine de mètres quand soudain une pensée me frappe. Je me suis peut-être trompée de chemin, tout me semble hostile.
Je m’attends à voir surgir entre ces arbres aux branches nues monstre ou un loup, tout droit sortis de mes cauchemars.
Et soudain, j’aperçois entre les buissons un point blanc qui se déplace. Cette fois, je n’en doute plus : un loup me suit, je vois le bout de sa queue.
Je me remets en marche, à l’opposé de ce point, que je ne quitte pas des yeux et qui semble me suivre.
La peur me prend au ventre, me brouille la vue. Le souffle me manque quand j’aperçois un des accompagnateurs marchant avec ma sœur, le pompon blanc de son bonnet se balançant.
Il me semble que je n’ai jamais été aussi ravie de la voir et que je n’ai jamais autant détesté un chapeau !

 

 

 

Betty

 

Je suis assise dans cette salle d'attente, carrelée de dégradés de bleu et qui est imprégnée de cette odeur de pharmacie...de médicaments.
Je ne suis pas seule, en face de moi, une grand-mère me sourit de ses dents pourries avec un air compatissant...elle sent que j'ai peur, ça va bientôt être mon tour.
Ma maman m'a laissée toute seule dans cette salle si lumineuse et pourtant tellement sombre, en me disant : "Ne t'inquiète pas, je reviens quand le monsieur aura fini son travail...c'est pour ton bien!"

Tout à coup, une porte s'ouvre et un étrange monsieur demande la vieille dame : c'est donc à ça que ressemble un dentiste, un homme en blanc qui affiche un sourire forcé...
Je ne suis jamais venue ici, on m'a dit qu'à cet endroit on s'occuperait de mes dents, mais moi je les trouve très bien... en plus, cette salle à des allures d'hôpital d'après Martine.
Elle n'a pas tort, je suis toute seule, ça sent mauvais, je suis sur une chaise glaciale, dans une salle avec des couleurs froides et tout est calme...trop calme...je frissonne...je ne comprends pas pourquoi je tremble, il ne fait pas froid, nous sommes en été...
J'ai peur, je m'enfonce un peu plus dans ma chaise, je déglutit...bientôt ce sera mon tour...

Martine m'a dit que cet homme me ferait mal, puis m'offrirait une sucette...c'est étrange de vouloir faire mal puis d'être gentil...
Elle m'a aussi dit que ses dents ce sont des moutons et pour ne pas qu'ils s'échappent de la prairie de sa bouche, le dentiste les enclot avec des fils en acier... ces fils lui font mal...
Je suis sûrement venu pour ça moi aussi, mes deux moutons du haut commencent à s'enfuir...je préférerais ne pas les enclore ou mettre des fils en bois qui me feraient pas mal...mais maintenant, je ne regrette pas d'avoir eu cet appareil dentaire étant petite, ça ne m'avait pas fait si mal que ça et cette salle d'attente où je reviens quelque fois n'est pas si effrayante...

La porte s'ouvre, l'homme a un sourire qui sonne faux, il m'appelle.
La peur au ventre, je descends de ma chaise : ça y est, c'est mon tour et je suis horrifiée!

 


Classe de 3B, février 2005

 

Loïc K.

 

J'ai trois ans, et cette après-midi, je vais faire ma sieste. Tout à coup, un bruit me réveille, je vois un homme entrer dans ma chambre, il est grand, habillé en bleu et noir, il porte un sac poubelle gris sur la tête, sur lequel on peut voir deux trous pour les yeux.

Cet homme, je le connais, mes parents me disent que si je fais des bêtises, il m'emmènera dans son sac poubelle. J'ai peur et je me cache sous mes draps pendant que le gros bonhomme, comme l'appelle mon père, me dispute à propos de mon comportement.

Il parle face au miroir de mon armoire, puis, au bout de cinq minutes, se retourne brusquement et part dans le couloir. Lorsque je sors de mon lit, terrifié, je vois les chaussons de mon père devant ma porte. Je le cherche dans la maison, mais décidément, il n'y a personne.

Je n'ai pas raconté cette histoire à mon père, pour moi je n'ai pas dormi, mais j'ai bel et bien rencontré le gros bonhomme.

Cassandre

Je dois avoir quatre ou cinq ans quand en jouant sur le canapé, je tombe. C'est comme dans un rêve, je suis dans une brouette. Je me réveille dans une salle avec des carreaux blancs et des gens vêtus de blanc sont autour de moi. Je me sens mal, j'ai peur, j'ai froid, et je ressens une douleur à l'épaule droite. Je sens une odeur bizarre, je ne la reconnais pas, mais ce qui est sûr, c'est que je ne suis pas chez moi. Je vois les gens vêtus de blanc tourner autour de moi avec un produit blanc et une bande de tissu brun. Que vont-ils me faire ? Je suis si petite. La première chose que j'ai faite quand ils m'ont touché l'épaule, c'est hurler. Ils essaient de la remettre pour que je n'aie plus mal. En tout cas, c'est ce qu'ils m'ont dit.

Ambre

Il fait nuit, je suis dans la chambre de mes grands-parents mais je ressens quelque chose qui m'empêche d'expirer et d'inspirer. Je n'y arrive presque pas. J'entends des pas, des appels, c'est ma grand-mère qui s'approche de mon lit à barreaux, elle a l'air très inquiète mais je suis tellement assommée que je ne comprends pas pourquoi.

J'ai l'impression que quelque chose est coincé dans ma gorge et je pousse des gémissements, mais je ne ressens aucune douleur. Ma grand-mère reste à mes côtés, alors que moi, je ne prète pas attention à ce qui m'arrive. Au bout d'un certain temps, je réussis à m'endormir.

Et j'apprends quelques jours plus tard que je suis asthmatique.

Julie

Je suis tombée. Une de ces chutes d'enfant sans gravité en apparence. Le 17 mai 1994, le jour de la naissance de ma soeur. Au retour de la maternité, je monte sur mon petit vélo noir et jaune, je vais très vite, et devant moi, il y a tout un tas de poutres, empilées les unes sur les autres, je ne peux éviter la collision.

C'est sur le menton que je tombe, je suis par terre, mon vélo à quelques mètres de moi. Je touche l'endroit douloureux. Du sang apparaît sur mes mains. Autour de moi, le paysage se met à tournoyer. Mon frère s'approche de moi, je me mets à hurler, j'ai mal, ce sang sur mes mains, c'est affreux.

Mon père m'entraîne dans la salle de bains pour nettoyer et désinfecter tout cela.Une semaine plus tard, ma blessure est devenue une croûte et c'est à ce moment-là qu'à la maternelle, des photos individuelles sont prises en souvenir...

Elodie

Je n'ai pas vraiment mal mais saigne abondamment. J'ai une ouverture d'au moins cinq centimètres. Mon père et ma soeur m'allongent par terre. Ma blessure ressemble à une orange en bouillie. Ma soeur met sur ma blessure du plastique et mon père enroule mon pied dans une bande.Dans la cave, il y a du sang partout. Moi, je n'ai pas trop vu, mais j'ai peur, je crois que je ne pourrai plus marcher avec cette jambe-là. Mon père me porte et me met dans la voiture. Ma soeur est derrière avec moi, ma mère monte devant et c'est mon père qui conduit, il roule vite. Pendant le trajet, j'ai peur pour ma cheville.On est à la clinique de la Miotte. Ma soeur court et va chercher une infirmière. Celle-ci prend une chaise roulante et me met dessus. Ensuite elle m'emmène dans une salle et fait tremper mon pied dans un liquide jaune, et elle m'allonge sur le lit. Le docteur m'anesthésie en faisant des piqures autour des trois ouvertures. J'ai horriblement mal, je crie de toutes mes forces. Le médecin commence à me recoudre. Heureusement, je ne sens plus rien.

Angélique

On est au mois d'août. Ma famille et moi, nous sommes chez ma grand-mère, à Chatellerault, près de Poitiers, à côté d'une nationale. C'est le matin, on vient de déjeuner. Quand on remonte dans les chambres, mes soeurs et moi, nous ouvrons les fenêtres et mettons les draps pour les aérer. Puis je redescends, je ne sais plus pour quoi faire. Quand je remonte, un énorme courant d'air s'est formé et referme la porte aussitôt. Je n'ai pas le temps de retirer mon pouce, qui est écrasé entre la porte et le mur. Je crie de toutes mes forces. J'attends aux urgences. Mon doigt me brûle. une infirmière m'emmène dans une salle sombre. Elle a dans la main une grosse machine avec une énorme aiguille pointue. Elle la pose sur la table, met mon doigt en dessous. Mes mains tremblent de peur. L'infirmière me perce l'ongle. Il ne me brûle plus.  Pour que j'arrête de pleurer, l'infirmière me donne une sucette.

Loïc M.

Ca se passe chez ma gardienne, en été, car il fait chaud et il y a beaucoup de mouches. Je suis en train de regarder la télé, ou de jouer à la console. Soudain, Thimothée, le fils de ma gardienne, prend une tapette pour tuer les mouches. Il tape sur le piano et casse la tapette. Alors il essaie une autre technique : attraper la mouche, lui arracher les ailes et la mettre dans une toile d'araignée. La nuit, je fais des cauchemars. Je rêve que toutes les souffrances que l'on a fait à un animal nous retombent dessus une fois qu'on est mort. Je pense que des petits diablotins me torturent de la même manière.

Raphaël

Un jour, ma grand-mère vient pour qu'on lui répare son nouveau téléphone. Je joue par terre, près de la table de la salle à manger. Mon frère m'appelle et je me cogne la tête sur le rebord de la fenêtre. Ma vision se brouille pendant quelques secondes. Je pleure. Je regarde ma main. Elle est pleine de sang. Je crois que je vais devenir amnésique, alors je récite mes tables de multiplication dans ma tête, pendant que maman fait tout ce qu'elle peut pour arrêter le sang. Je crois que je vais me vider de tout mon sang, car je vois les sopalins et les compresses pleins de sang au bout de quelques secondes. J'ai peur, très peur.Je lui demande de m'emmener aux urgences, mais elle me répond qu'ils vont me couper les cheveux et me faire des points de suture, alors je change d'avis.

Fiona

Nous sommes à la piscine, un de ces samedis où nous y allons avec l'école. Nous avons des ballons et d'autres jouets aquatiques. Les grandes personnes sortent un grand tapis orange, la plupart d'entre nous montent dessus. Les adultes soulèvent le tapis pour nous faire tomber, et à chaque fois, nous remontons. Au bout d'un moment, je reste seule sous le tapis, je suis coincée et personne ne s'en aperçoit, je commence à manquer d'air, je panique, je saisis les pieds d'une maman qui m'attrape par le bras, me remonte. Elle ne me demande pas si je vais bien, mais à la place me rejette à l'eau !